Marc Blanchet ne considère jamais internet comme acquis.

Marc Blanchet ne considère jamais internet comme acquis.

Le 24 mai 2022, Montréal
Service de nouvelles Cofomo – SNC

Rencontre avec un pionnier d’Internet 

Les premiers jours d’Internet : Marc Blanchet, vice-président chargé de l’ingénierie Internet chez Cofomo, était là. Véritable pionnier et ingénieur en protocoles et infrastructures Internet, il a joué un rôle essentiel dans l’établissement des protocoles qui régissent le système de noms de domaine (DNS). 

Le DNS fonctionne en arrière-plan. Il permet aux internautes d’utiliser des noms conviviaux tels que cofomo.com, qui sont ensuite traduits de manière transparente en adresses incroyablement complexes dont personne ne peut se souvenir, telles que 2001:0db8:85a3:0000:0000:8a2e:0370:7334.1.1 

Internet pourrait être un endroit beaucoup moins fréquenté sans le travail de l’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (ICANN) et de l’Internet Engineering Task Force (IETF) qui normalisent le système des noms de domaine, l’internationalisent et veillent à ce que nous soyons en sécurité, à ce que nos données soient sécurisées et à ce que les acteurs malveillants aient de plus en plus de difficultés dans leurs tentatives de créer le chaos. Et Marc Blanchet est là. Toujours. 

Les 31 mars et 1er avril2 derniers, Marc a fait une présentation au Forum de l’Asie-Pacifique (APAC) sur le système des noms de domaines (DNS), dont les participants sont chargés de développer les protocoles, d’étayer la technologie et d’adapter l’infrastructure existante qui soutient et habilite Internet. Leur travail permet de rendre Internet plus facilement accessible à un nombre croissant de personnes pour qui Internet n’a été, pendant un temps, qu’une lointaine possibilité. 

Le Forum APAC DNS a servi de point de contact quant à l’état actuel du système, aux améliorations nécessaires, aux technologies associées, à ses limites et à la manière de les surmonter, ce qui inclut le déploiement en cours de l’internationalisation du DNS3. Ce dernier point est un sujet auquel Marc Blanchet a été étroitement associé. 

Libre accès : Internationalisation du DNS 

Tout a commencé lorsqu’il était étudiant à l’Université Laval, où il a obtenu son diplôme d’études supérieures en génie électrique au moment même où un jeune ARPANET faisait parler de lui. Et pour cause, ce tout premier réseau à commutation de paquets4 est devenu l’épine dorsale de notre Internet moderne. Marc et ses collègues ont immédiatement constaté que le DNS existant, alors rudimentaire, était limité et ne permettait pas l’utilisation de caractères issus de systèmes d’écriture autres que ceux directement issus de l’alphabet latin. Pour ce Québécois, l’incapacité d’une adresse Internet d’accepter des lettres avec des accents était révélatrice de ses limites. 

En 1996, Marc Blanchet a établi Viagénie, une société de conseil et de recherche et développement spécialisée dans les technologies avancées de réseaux informatiques. Il y a aidé des clients tels que la NASA, l’ICANN, Vidéotron, CIRA et le Centre canadien de la sécurité des télécommunications. De 2001 à 2003, en qualité de membre de l’IETF, il a coprésidé un groupe de travail sur l’internationalisation du DNS afin d’étendre son soutien à autant de systèmes d’écriture actuels et largement utilisés que possible5

Le problème 

Ceux qui ont travaillé dur pour nous procurer Internet ont un dicton : « Ne casse pas ce qui fonctionne bien. » En termes simples, Internet, son infrastructure et les protocoles initiaux qui le régissent n’ont pas été créés dans une optique d’internationalisation. Une grande partie du monde a d’abord été empêchée d’appliquer ses systèmes d’écriture aux noms de domaine, aux adresses électroniques et autres identifiants essentiels. Le groupe de travail de Marc Blanchet chargé de finaliser les noms de domaine internationalisés (IDN) a donc dû déterminer la meilleure façon de modifier les protocoles Internet pour prendre en compte les cartes de caractères autres que le code standard américain pour l’échange d’informations (ASCII) sans perturber le fonctionnement normal d’un réseau qui, en 2003, connaissait encore une croissance phénoménale. 

C’était un peu comme régler le moteur d’une voiture pendant le Grand Prix de Monaco, mais en le faisant pendant qu’elle se positionne pour la première place sur la ligne droite à 300 km/h. Du doigté… 

La solution 

Développer, améliorer et internationaliser quelque chose d’aussi complexe qu’Internet sans semer le chaos exigeait une approche lente et méthodique. En 2008, la plupart des travaux étaient terminés, mais comme pour Internet, sa dorsale et les protocoles associés, il s’agit d’un travail en cours et il le restera toujours.6 

Marc Blanchet, qui nous a longuement parlé dans une entrevue récente, a souligné les graves répercussions d’une mauvaise utilisation du DNS, en particulier après l’internationalisation. 

Le monde compte actuellement 34 grands systèmes d’écriture7, dont la plupart sont pris en charge par le DNS. Il est clair que les systèmes archaïques et obsolètes ont été laissés de côté, mais on peut affirmer qu’en 2008, la plupart des internautes du monde pouvaient accéder à des sites Web et envoyer des courriers électroniques en utilisant l’écriture de leur choix. Ce sont des experts comme Marc Blanchet qui s’inquiètent de savoir comment nos ordinateurs et leurs navigateurs traduiront les caractères de ces systèmes en un équivalent Unicode que les protocoles d’adresse Internet actuels (IPV4 et IPV6) peuvent comprendre. Sans casser Internet. Le reste est un jeu d’enfant. Pas du tout. 

Les enjeux courants 

Marc Blanchet a d’autres préoccupations : la sécurité et l’accès universel. 

La sécurité est une préoccupation prioritaire car de nombreux systèmes d’écriture utilisent des caractères qui se ressemblent. Cela entraîne un risque croissant d’usurpation d’identité, c’est-à-dire qu’un acteur malveillant remplace les caractères d’une URL connue par des caractères de forme similaire provenant d’un autre système d’écriture. Par exemple : la lettre Omicron en grec (‘ο’), ressemble beaucoup à la lettre o en cyrillique (‘о’) et à la lettre OH en arménien (‘օ’). Vous voyez combien tout cela est facile?

De vastes populations, principalement en Asie, n’utilisent pas un système d’écriture occidental, de sorte que, par défaut, un nom de domaine défini dans un alphabet latin ne serait pas compris. Un système de noms de domaine internationalisé est essentiel pour fournir un accès universel à Internet.9 

Ce ne sont là que deux des problèmes auxquels sont confrontés les pionniers de l’ingénierie Internet comme Marc Blanchet de Cofomo. 

Beaucoup d’autres verront le jour, car il s’agit d’adapter un réseau vieillissant, mais en fin de compte performant, aux exigences croissantes d’un monde avide de données. C’est un travail que des gens comme Marc Blanchet et ceux qui suivront ses traces poursuivront. Et nous continuerons de naviguer dans la langue et le système d’écriture de notre choix. 

Un peu plus au sujet de Marc 

En 2021, Cofomo a acquis les clients Viagénie de Marc Blanchet, et celui-ci a pris le titre supplémentaire de vice-président de l’ingénierie Internet. Qui de mieux pour servir d’expert en résidence que l’un de ceux qui se sont sali les mains en travaillant à la création de l’Internet que nous considérons aujourd’hui comme acquis? 

Marc Blanchet n’a pas l’intention de diminuer son activité dans le domaine du DNS, ni son travail pour un Internet meilleur, plus sûr et plus démocratique. 

Cofomo est fière qu’il fasse partie de son équipe. 

———————–

1: https://fr.wikipedia.org/wiki/IPv6 

2: newsletter-1-APAC-DNS-Forum.pdf 

3: newsletter-1-APAC-DNS-Forum.pdf 

4: https://fr.wikipedia.org/wiki/ARPANET 

5: https://www.viagenie.ca 

6: Entrevue avec Marc Blanchet, 4 mai 2022 

7: https://omniglot.com/writing/stats.htm#writing 

8: Entrevue avec Marc Blanchet, 4 mai 2022 

9: Entrevue avec Marc Blanchet, 4 mai 2022 

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