FinOps : au centre de toute stratégie réussie de gestion des coûts infonuagiques
Par Tidjani Belmansour
Directeur du Centre d’excellence Azure et MVP (Most Valuable Professional) de Microsoft.
« Comment pouvons-nous reprendre le contrôle de nos coûts infonuagiques? »
Dans les nombreuses organisations que nous accompagnons, les dirigeants d’affaires et TI nous posent cette question plus que jamais.
En tant qu’architecte infonuagique, MVP (Most Valued Professional) de Microsoft et responsable du Centre d’excellence Azure de Cofomo, mes priorités ont toujours été d’accroître l’efficacité organisationnelle et de contrôler les coûts, priorités qui animent également nos équipes. (Le titre MVP est octroyé aux leaders qui partagent activement leur passion, leurs connaissances sur Microsoft et leur expérience dans les auprès de diverses communautés technologiques liées à Microsoft.)
La réponse la plus simple à la question des coûts infonuagiques est donc d’avoir une solide stratégie FinOps.
Au cours des nombreuses années passées à collaborer avec nos clients, nous avons constaté comment une gouvernance efficace et des tactiques bien pensées peuvent transformer les dépenses infonuagiques, qui représentent un fardeau pour l’entreprise, en un atout bien géré, produisant un rendement un ROI substantiel.
Dans cet article, nous expliquons pourquoi les FinOps sont au centre de toute stratégie visant à réduire avec succès les coûts infonuagiques. Nous évoquons également des tactiques éprouvées, pouvant vous aider à optimiser les coûts infonuagiques, à rationaliser les opérations et à garantir que votre infrastructure infonuagique crée de la valeur tout en restant dans les limites budgétaires.
Vous remarquerez que certaines de ces tactiques ne sont pas purement techniques. En effet, la décision de mettre en place une équipe et d’adopter une mentalité FinOps ne relève pas seulement de l’informatique; c’est une décision stratégique, à l’échelle de l’organisation, qui jette les fondements d’une gestion efficace des coûts.
Tactique no 1 : Créer une équipe FinOps en choisissant les meilleurs employés
Même si votre entreprise dispose déjà d’un centre d’excellence en infonuagique (CEI), vous aurez également besoin d’une équipe FinOps pour piloter vos stratégies d’optimisation des coûts et vos pratiques de gouvernance.
Une équipe FinOps ne repose pas sur les épaules d’une seule personne. Il y a trois rôles clés à remplir :
Ingénieur FinOps:
Dans l’idéal, choisissez un architecte en infonuagique possédant une solide expertise en FinOps. Sa mission principale consistera à repérer les possibilités d’optimisation et à travailler avec les équipes de produits pour les mettre en œuvre.
Analyste FinOps :
Cet analyste financier devra avoir une expérience avérée en FinOps. Pour cibler les possibilités d’optimisation, il effectuera le suivi des dépenses et des factures afin d’analyser les tendances de consommation, et se concentrera sur la conception et la maintenance de modèles prévisionnels des coûts.
Responsable FinOps :
Ce vice-président, gestionnaire ou administrateur, devrait de préférence provenir du côté d’affaires de l’organisation. Il sera chargé de promouvoir l’équipe FinOps et de servir de point de contact avec le reste de l’entreprise. Votre responsable FinOps devrait faire partie de votre CEI.
Les trois étapes à suivre pour adopter une stratégie FinOps
Lorsque les entreprises se tournent vers Cofomo pour mettre en place une stratégie liée aux FinOps, nous les accompagnons durant les trois étapes suivantes :
1 – Stabilisation : Nous appliquons des mesures immédiates pour stabiliser les coûts.
2 – Structure : Nous les guidons dans la mise en place des pratiques liées aux FinOps.
3 – Contrôle : Nous les aidons à mettre en œuvre des stratégies de contrôle et d’optimisation, des outils et des techniques.
Donc, vous avez maintenant mis sur pied votre équipe FinOps. Mais vous utilisez un environnement à nuages multiples. Dans ce cas, la stratégie optimale est-elle de constituer une seule ou plusieurs équipes?
Combien d’équipes FinOps sont nécessaires?
Si votre organisation est de petite taille, ou si votre utilisation de l’infonuagique est limitée, il est possible de commencer avec une seule équipe FinOps; néanmoins, il est préférable d’avoir une équipe FinOps pour chaque plateforme infonuagique.
Tactique no 2 : Identifier les ressources infonuagiques
Toute solution ou application infonuagique étant constituée de nombreuses ressources, on peut facilement en perdre la trace. Par conséquent, vous pourriez ne pas être en mesure de faire le lien entre une ressource donnée et la solution ou l’application dont elle fait partie. L’incapacité à établir une telle correspondance entraîne l’impossibilité d’évaluer la valeur commerciale d’une ressource donnée.
C’est là que les balises se révèlent utiles. En effet, les balises vous permettent d’identifier et d’apparier les ressources infonuagiques selon divers critères, notamment en fonction de leur coût.
La dénomination des balises est une décision de nature organisationnelle, mais vous pouvez recourir à des balises couramment utilisées, telles que « Centre de coûts », « Nom de la charge de travail », « Propriétaire » et « Environnement ». Bien qu’il soit possible de baliser les ressources manuellement, il est préférable d’automatiser ce processus pour éviter les balises sans valeur attribuée. Comme notre équipe se plaît à dire « Une ressource balisée est une ressource bien gérée ».
Tactique no 3 : Adopter des mesures de protection pour contrôler les coûts
L’un des principaux facteurs de dépassement des coûts est l’incapacité à contrôler les services et niveaux de services utilisés par vos employés dans le nuage informatique. En tant qu’organisation, vous devez mettre en place des mesures de protection pour que seuls soient autorisés les services et les niveaux de services qui aident votre organisation à atteindre ses objectifs commerciaux.
Veillez donc à ce que l’accès soit exclusivement limité aux régions et aux types de services et aux niveaux de services dont votre organisation a besoin.
Ces restrictions peuvent être appliquées à différentes échelles : organisation, service, projet, environnement (par exemple, développement ou production), etc.
Gardez à l’esprit que, au fur et à mesure que l’utilisation de l’infonuagique par votre entreprise évoluera, vous devrez probablement réévaluer et mettre à jour ces mesures de protection.
Tactique no 4 : Optimiser le code
L’optimisation du code qui s’exécute dans le nuage peut être encore plus rentable que l’amélioration du code qui s’exécute à l’échelle locale. En effet, dans le nuage, vous payez pour les ressources que vous utilisez. Par conséquent, un code optimisé consomme moins de ressources, ce qui permet de sélectionner de plus petites UGS et des moyens plus performants pour l’exécuter, sans pour autant compromettre l’expérience utilisateur ou le contrat de niveau de service (SLA) convenu.
Même une optimisation mineure peut générer des économies substantielles si ce code est exécuté des centaines, des milliers, voire des millions de fois par mois.
Cependant, il faut trouver un équilibre entre le coût de développement d’une telle optimisation et les économies réalisées sur les coûts infonuagiques.
Tactique no 5 : Réexaminer l’architecture de la solution
« Le nuage est une cible en mouvement! » comme on dit chez Cofomo. De nouveaux services sont créés, les services existants évoluent et, en de rares occasions, des services disparaissent.
Il est donc important de réévaluer périodiquement l’architecture de vos solutions pour savoir si elle est toujours adaptée ou s’il est nécessaire de la restructurer.
Restructurer l’architecture ne signifie pas nécessairement passer d’une conception monolithique à des microservices. Cela peut se traduire par une refonte de la solution pour pouvoir tirer parti de nouveaux services infonuagiques.
Là encore, il faut trouver un équilibre entre les coûts de développement d’une nouvelle architecture et la réduction des coûts infonuagiques.
Tactique no 6 : Se méfier des frais de licence
Les frais de licence peuvent représenter jusqu’à 40 % de vos coûts infonuagiques. Et ce n’est définitivement pas d’une erreur d’arrondi!
Par conséquent, lorsque vous estimez le coût d’un ordinateur virtuel, par exemple, calculez les coûts informatiques, mais n’oubliez pas d’y ajouter les frais de licence.
Heureusement, il existe des programmes pour vous aider à réduire ces frais, tels qu’Azure Hybrid Benefits.
Tactique no 7 : Tirer parti des abonnements de développement/test
Certains fournisseurs de services infonuagiques proposent des remises par le biais de comptes et d’abonnements spéciaux. Par exemple, Microsoft propose une réduction appelée « abonnement de développement/test Azure ».
Cet abonnement spécial permet d’économiser jusqu’à 55 % du coût par rapport au tarif standard de facturation à l’utilisation. Gardez à l’esprit que l’abonnement ne prévoit aucun contrat SLA, ce qui, en général, se révèle bien adapté aux contextes de développement et de test.
Tactique no 8 : Profiter des instances réservées et des plans d’économies
En général, les services infonuagiques sont facturés selon un système de facturation à l’utilisation. Par conséquent, plus vous consommez, plus la facture est élevée. La difficulté consiste à estimer cette consommation au plus près pour mieux prévoir les coûts infonuagiques.
Pour atteindre un certain niveau de prévisibilité des coûts infonuagiques, deux approches peuvent être utiles : les « instances réservées » et les « plans d’économies ».
Bien que ces deux approches soient complémentaires, il est important de noter que pour être bien utilisées, elles doivent tout d’abord être bien comprises. En bref :
- Une instance réservée consiste à sélectionner un niveau de service donné, dans une région donnée, pour une durée donnée (généralement un an ou trois ans).
- Un plan d’économies consiste en un engagement financier, sur une base horaire, applicable à tout service admissible.
Gardez à l’esprit que, si les instances réservées peuvent permettre d’épargner plus d’argent que les plans d’économies, elles offrent moins de flexibilité.
Les plans d’économies sont mieux adaptés aux contextes dans lesquels les exigences liées à la charge de travail sont variables et imprévisibles, tandis que les instances réservées conviennent mieux aux environnements dans lesquels ces exigences sont stables et prévisibles.
Tactique no 9 : Utiliser la rétrofacturation et la rétroanalyse
Pour encourager une attitude responsable et économe vis-à-vis des dépenses d’infonuagique, vous pouvez répartir les coûts de deux manières dans le cadre d’une approche relative aux FinOps :
- La rétrofacturation, pour imputer l’utilisation réelle des ressources infonuagiques à un département.
- La rétroanalyse, pour visualiser les coûts sans avoir à recourir aux transactions financières..
Les entreprises commencent généralement avec la rétrofacturation et, à mesure qu’elles prennent l’habitude d’utiliser l’infonuagique, elles adoptent la rétroanalyse.
Cela s’explique par le fait que certains services ou équipes bénéficiant d’un budget plus important ne ressentent pas autant les effets de la refacturation, ce qui peut freiner leurs efforts pour optimiser les coûts infonuagiques.
Par ailleurs, les rétroanalyses (lorsqu’elles sont correctement mises en œuvre) créent une saine concurrence entre les équipes et les services, à laquelle on peut associer une approche ludique, pour aboutir en fin de compte à l’optimisation des coûts infonuagiques.
Tactique no 10 : S’appuyer sur l’infrastructure en tant que code (IaC)
L’environnement dit « éphémère » contribue largement à la surconsommation, souvent inutile, de ressources infonuagiques. Ces environnements éphémères, non productifs, ne sont pas supprimés en raison de la crainte de ne pas pouvoir les recréer à l’identique.
La cause profonde de cette situation est presque toujours liée au fait que l’organisation ne tire pas parti de l’IaC. Si ces environnements étaient déployés en scripts, nous serions sûrs de pouvoir les recréer exactement en leur état actuel, lorsque cela s’avère nécessaire. Ainsi, nous pourrions supprimer ces environnements dès qu’ils ne sont plus utiles, ce qui permettrait de réaliser des économies substantielles sur les coûts infonuagiques.
Lorsque maîtriser les coûts infonuagiques est une priorité
L’optimisation des coûts infonuagiques commence avec les FinOps. Fonder une équipe et adopter une tournure d’esprit en matière de FinOps n’est pas seulement une décision de nature informatique; c’est une décision stratégique qui concerne l’ensemble de l’organisation et qui a des répercussions sur son fonctionnement global.
Pour adopter une culture liée aux FinOps avec succès, avoir les bons outils ne suffit pas. Cela exige une préparation attentive, l’acquisition de compétences et le soutien d’un partenaire expérimenté. En fait, sélectionner le bon partenaire pour vous guider dans votre démarche d’optimisation de l’infonuagique devrait être la première étape avant de vous plonger au cœur du processus.
À propos de l’auteur
Tidjani Belmansour
MVP Microsoft et directeur du Centre d’excellence Azure chez Cofomo. Architecte en infonuagique de renom, il passionné par le développement de solutions performantes et élégantes et guidé par la conviction que la simplicité est la sophistication ultime.